| TRISTAN | 'Let me hear you, crying just for me.' •

"Salut Snow.
Désolée de te déranger. Euh, je sais que tu veux plus me voir, mais enfin, je ne t'apelle pas pour te harceler.
En fait, tu as laissé quelque chose chez moi. Comme la dernière fois que je suis venu à l'improviste je me suis fait jeté, maintenant je te donne rendez-vous. A toi de voir si tu veux le récupérer ou pas.
Je serais à la plage, demain, à 16h. C'est certain, je ne te poserais pas de lapin. Je me demande par contre si toi tu ne le feras pas.
Je te laisse. A demain, j'espère. "

Cela faisait probablement la énième fois que j'écoutais ce message sur mon téléphone portable. Je marchai dans les rues, à pas rapides, l'appareil contre mon oreille, entendant la voix de la bonne femme qui me demandait de taper sur une touche pour décider de ce que je comptais faire de ce message. Je raccrochai.
La voix de Jack retentissait encore dans ma tête. Je m'étais posée de très nombreuses questions depuis que j'avais regardé mon répondeur. Tout d'abord, je me demandais bien ce que j'avais oublié. Je n'avais pas beaucoup d'affaires, et le peu que je gardais avec moi restait dans mes poches. Aussi, il y avait de quoi se demander si le jeune homme n'avait pas un peu trop mentit ; parce qu'il n'avait même pas précisé ce que c'était, aussi, je pouvais facilement m'en douter.
Deuxième chose, je m'étais alors demandée si je devais venir à ce fameux rendez-vous. Parce que si je ne venais pas, je risquais de ne plus jamais retrouver cette fameuse chose qu'il avait gardé, au risque que ce soit vrai, et de plus, il aurait pu m'en vouloir, et ne m'aurait jamais rappelé. Ou pas.
Tandis que si je venais, j'avais la possibilité de pouvoir récupérer ce qui m'appartenait, et d'en même temps, mettre les points sur les i, ce qui pouvait m'éviter de nombreuses exaspérations avec Jack dans le futur.
Il y avait une troisième raison, mais je n'avais aucune envie d'y penser. Le fait que j'avais un tant soi peu envie de le revoir avait fait mouche dans mon cerveau, évidemment. Mais ce n'était pas cette possibilité qui me donnait envie d'aller à la plage. Enfin, en surface. Et je crois que je me voilais la face d'ailleurs.
Dans à peine quelque minutes, je serais à l'heure du rendez-vous ; enfin, avec un peu de retard, si ce n'est beaucoup, mais ça c'était mon habitude, et je ne comptais pas la perdre.
Au fur et à mesure que j'avançais, je sentais l'odeur familière du sel pénétrer dans mes narines. Les gens se promenaient en tongs, la lumière devenait plus importante. Il faisait encore assez chaud, même assez, et me trimballer un jupe m'apporter un confort sans précédent. Je sentis plus qu'entendis la matière du sable sous mes pieds. J'aperçus alors la mer, aussi belle qu'à son habitude. Je m'y rendais rarement malheureusement, car pour cela il aurait fallut me trouver quelqu'un pour m'accompagner, ne souhaitant pas me baigner seule, mais encore fallait-il que ça arrive. Je remercie Jack intérieurement pour ce petit cadeau. Je n'avais malheureusement pas pris mon maillot.
Il y avait bizarrement peu de monde pour cette heure-ci. Un couple se promenait à quelques mètres, et des gamins se couraient joyeusement après à ma droite, les parents assis à discuter un peu plus loin. Après, les gens étaient trop à distance pour que ça se remarque. Mais il n'y avait personne qui accrocha mon regard. Jack n'était pas encore là.
Je fronçais les sourcils, continuant de m'enfoncer dans le sable. Je regardai l'heure sur mon portable : 16h27. Allons, c'était moi qui était toujours en retard, pas les autres !
Je m'arrêtai, à quelques pas du sable mouillé, et révulsai les yeux d'horreur.
Il a cru que je ne viendrais pas et il est partit.
Comme j'étais bête ! A cause de moi, je ne le verrais plus. Je croisai les bras, et baissai la tête. Ma gorge se noua, et je me passai une main sur le visage. C'était ce que je voulais non ? Bien. Il me ficherait la paix comme ça. Alors, pourquoi je me sentais bizarre tout d'un coup ?
Je levai la tête, et scrutai l'horizon. Une légère brise me secoua les cheveux, et je soupirai. J'ignorais s'il fallait que j'attende encore, ou si je pouvais repartir de suite. Je n'en eus cependant ma envie, et patientait, étrangement peinée devant le soleil qui se faisait de plus en plus bas dans le ciel.
Soudain, une force inconnue me poussa à me retourner, chose que je fis.
Je ne pouvais pas le rater, avec son instrument sur le dos, et son chapeau melon dépassé. Il était à mi-chemin, piétinant dans le sable les chaussures à la main, et me fixai avec un sourire en coin. Je ne pus m'empêcher de le lui rendre, moins large cependant. Je m'obligeais à ravaler mon soulagement et à le faire disparaître le plus vite possible.
- D'habitude, c'est moi qui suis en retard.
Je le suivais du regard, les bras toujours croisés, tandis qu'il s'arrêta juste en face de moi, tournant les yeux vers la mer, les sourcils froncés à cause de la lumière. Je ne pus m'empêcher d'être impressionnée par la prestance qu'il gardait toujours avec lui, à n'importe quel endroit ou moment de la journée où il se trouvait.

» tristan e. powell ; ucc.