encore lui ... | ashleigh

Encore une belle journée ensoleillée à Eros, une journée parfaite pour la plage, pour se faire bronzer et profiter de l’eau chaude. C’était le programme d’Abi pour la journée : farniente et baignade. Elle souhaitait être tranquille et au calme et pour cela, le mieux pour elle était de profiter de la plage le matin, au moment où les habitants d’Eros prenait calmement possession de leur plage et où les touristes se remettaient encore de leur nuit endiablé. La veille, Abi était resté tranquillement dans la villa à regarder un bon film, elle n’avait pas eu la tête à sortir et ne voulait pas non plus se pointer une nouvelle fois au Dancefloor’s Feeling pour qu’Armani se fasse des idées même si elle en avait eu très envie. Elle s’était donc endormie tôt, bercée par le bruit des vagues et par la musique lointaine.

Au petit matin, elle avait pris son temps et s’était rendue à la plage à pied calmement, laissant le vent caressé sa peau et le soleil la réchauffer petit à petit. Au bout de quelques heures passés à lambiner ici et là sur la belle plage d’Eros, la faim commença à se faire sentir. Elle sortit alors son portable et se rendit compte que l’heure était tout à fait correcte pour aller découvrir la carte du Meteora Fish, l’unique restaurant de la plage dont tout le monde lui avait dit du bien. Elle rangea ses affaires et se dirigea vers le bâtiment qui se trouvait à quelques pas seulement de l’emplacement qu’elle avait choisi quelques heures auparavant. L’endroit était encore peu fréquenté à cette heure ci mais ce n’était pas un problème pour Abi qui préférait largement le calme. Elle ne savait pas encore ce qu’allait lui resserrer son repas mais le cadre était magnifique. La décoration typiquement grecque du restaurant était naturelle et légère, pas aussi agressive que dans certains endroits qui finissent par donner la nausée aux touristes, la musique était au bon volume et plutôt joviale. Bref, au premier coup d’œil, Abi aimait cet endroit. Elle s’assit donc à une table ayant vue sur la mer et attendit qu’un serveur s’approche d’elle et lui donne la carte.

Ashleigh Carpenter. Cheveux mi-longs, humides, corps d'athlète...Plombier. En le voyait, on s'attendait plutôt à un mannequin pour boxer. Il le savait précisément, et ça énervait grandement le réparateur de tuyaux. Il y avait au moins un avantage à faire ce genre de boulot. Les femmes se jetaient sur lui comme s'il était superman, et parfois, il avait droit à un certain bonus lorsque venait le temps de partir. Enfin, parfois, c'était un petit mot. Souvent aurait été plus adéquat. Il sortait de la mer, s'essuyant légèrement avec sa serviette avant de remettre son t-shirt et ses sandales. Il aperçu une silhouette féminine affreusement sexy se diriger vers le Meteora Fish. Il n'avait pas particulièrement faim, mais il avait décidé que oui, tout à coup. À vrai dire, il avait aperçu Abigail et soudainement, ça lui avait creusé l'appétit. Il pourrait discuter avec elle, cette charmante jeune femme plutôt fortunée qui avait eu des ennuis avec ses tuyaux en arrivant en ville. Il se rappelait encore de l'engueulade qu'ils avaient eu. Il se tuait à lui expliquer qu'il était le plombier, et elle insistait pour dire qu'il y avait une erreur et qu'il n'était pas le plombier. Elle avait boudé pendant tout le temps qu'il était chez elle, jusqu'à ce qu'il se mette à la draguer. Bon, il ne s'était pas fait de faux espoirs, mais apparemment, Abigail était tombée dans le panneau. Elle n'était pas tombée amoureuse, ça non, mais ils s'étaient envoyés en l'air, dans sa cuisine. Nous allons éviter les détails de peur de troubler les oreilles indiscrètes, mais ce n'était certainement pas comme dans les Arlequins. Enfin bref. Abigail. Il en gardait des souvenirs spéciaux, tout de même.

Entrant dans le restaurent, il alla s'installer à sa table, effrontément. Il lui adressa un sourire, repoussant une mèche de ses cheveux blonds. « Salut princesse. » Murmura-t-il de cette voix douce quoiqu'un peu rauque. Lorsque le serveur vint les voir, il demanda une carte pour lui aussi. Se penchant sur sa chaise en avant, il fit un clin d'oeil à son ancienne cliente et lui demanda, provocateur :

« Alors, chérie, comment vont les tuyaux? »

De tous les mecs présents dans cette ville, sur cette plage, dans ce restaurant, il n’y en avait bien entendu qu’un seul qu’elle pouvait rencontrer. Celui qu’elle ne voulait plus voir, dont elle ne voulait plus entendre parler, dont elle ne voulait même plus penser tellement elle avait été assez conne pour se faire avoir. Bon, elle devait bien avouer que le moment qu’elle avait passé avec lui avait été divin et qu’un peu de sexe sans lendemain était parfois bon à prendre mais maintenant qu’il était là en face d’elle et que vraisemblablement, il n’allait pas déguerpir, la mention sans lendemain était tout d’un coup moins présente. Sa façon de lui parler tout en touchant ses cheveux l’irritait au plus haut point! Ok, ils avaient fait l’amour mais cela ne lui donnait pas tous les droits sur elle et elle n’allait certainement pas se laisser faire une nouvelle fois surtout que maintenant, elle avait quelqu’un d’autre en tête même si elle le niait parfois.

« Donc d’une je ne suis pas ta princesse, ni aucun autre superlatif niaiseux d’ailleurs et de deux, tu ne me touches pas, merci ! »

A croire que les grecs ou tout du moins les habitants de cette ville étaient tous dotés à la naissance d’un ego et d’une suffisance hors norme ! Les guides touristiques devraient avertir les voyageurs de faire attention aux hommes grecs, qu’ils ne sont que des poches de testostérones ambulantes qui prennent un malin plaisir à séduire les filles aux regards perdus.

« Les tuyaux vont très bien et pas grâce à toi, merci. Maintenant, commandes rapidement que je me débarrasse de toi dans la minute qui suit. Ton patron sait que tu couches avec la moitié de tes clientes ? Peut-être devrais-tu te recycler, je crois que ça manque de gigolo par ici et en plus, il paraît que ça paye bien ! »

Il voulait l’embêter, il n’allait pas être déçu. Le serveur revint alors vers eux et leur demanda s’ils avaient choisi leur commande, Abi lui sourit.

« Je vais prendre la salade de crabe et d’avocat s’il vous plaît et lui donnez lui le truc le plus rapide à manger, il a des trucs à faire et va malheureusement bientôt devoir nous quitter ! »

Elle lui tendit la carte et ne daigna même pas jeter un œil vers Ashleigh qui devait certainement être entrain de jubiler sur sa petite chaise en jouant le bellâtre avec son torse parfait.

Leur entretient était sur les chapeaux de roues, du moins il commençait ainsi. Elle lui faisait remarquer qu'elle n'était pas une princesse, ni autre superlatifs débiles comme elle disait. Oh, elle était donc fâchée la demoiselle. Il fronça les sourcils un peu agacé par son attitude et soupira avant de se gratter la tête, observant Abigail, lui déclarant :

« D'accord, c'est parfait, A-bi-ga-elle. »

Il avait tout parfaitement articulé son prénom uniquement pour l'embêter, sans doute serait-elle un peu plus furieuse. Il s'en moquait bien. Il essayait d'être gentil, il n'était pourtant pas désagréable. Elle ne voulait pas qu'il s'approche de lui et lorsque le serveur se dirigea vers eux, il se rapprocha d'elle, s'y collant presque. Elle voudrait sans aucun doute le tuer, mais ça l'amusait. Il lui demanda comment allaient les tuyaux et elle lui répliqua qu'ils allaient très bien sans lui, et elle lui demanda si son patron savait qu'il couchait avec la moitié de ses clientes. Il éclata de rire, observant Abigail. Il était son propre patron. La regardant, amusé, il répliqua :

« Bien sûr qu'il le sait. En fait, je travaille à mon compte ma belle. Et la moitié de mes clientes... Je dirais tout de même plus que ça, tu me fais passer pour un amateur. » Il prit une pause, caressant le bras de la jeune femme. Lorsque le serveur arriva devant eux pour prendre leur commande, il lui sussura à l'oreille, effleurant celle-ci de ses lèvres. « Voyons, Abigail. Tu sais tout aussi bien que moi que t'as adoré ça. J'ai souvenir que tu détestais pas du tout, même. »

Abi prit sa propre commande et ajouta qu'elle voulait qu'Ashleigh ait un repas qui se mangeait vite car il devait bientôt partir. Il pouffa de rire et attrappa le menu, décidant simplement ce qu'il allait prendre en y allant avec le hasard. « Menu du jour. » Il décida de continuer, et de faire rager Abigail pour de bon. « Oh, chérie, arrête un peu. Excusez-nous. Vous devriez nous trouver une place plus privée. Elle est enceinte vous voyez, c'est les hormones. » Il adressa un sourire radieux à la jeune femme blonde. Certes, il dépassait les bornes. « Calme-toi, mon chou. Voyons. C'est pas bon pour le bébé tout ce stress. » Il attendit que le serveur soit partit pour éclater de rire.

Énervée à souhait, elle leva les yeux au ciel quand il épela son prénom comme un gamin de 5 ans. Sans aucune subtilité, il s’approcha d’elle et elle le laissa faire un moment jusqu’à ce que la proximité soit trop évidente. Elle n’allait pas lui laisser croire qu’il allait pouvoir remettre ça, c’était absolument hors de question !

« Biensûr que tu travailles à ton compte, c’est évident. Aucun patron ne laisserait faire ça voyons … »

Celui qui ne sentait pas l’ironie dans sa voix était certainement un idiot. Elle ne prêta même pas attention à son histoire d’amateur et ne voulait même pas imaginer qu’il ait pu remettre ça après elle tellement tout ceci l’écœurait. Se servir de son boulot pour ça était d’un pathétisme affligeant et autant qu’elle s’en souvienne, Abi n’avait jamais rencontré de mec aussi con et imbu de lui-même ! Elle dégagea son bras quand elle sentit sa main chaude sur elle et le laissa lui susurrer à l’oreille. Voyant le serveur arrivé, elle ne préféra pas lui répondre mais elle se réservait pour plus tard. Biensûr, elle n’avait pas autant apprécié une partie de jambe en l’air depuis un moment, mais entre s’en rendre compte et lui avouer, il y avait un fossé carrément infranchissable pour Abi. Mais le pire était encore à venir ! Enceinte ?! ENCEINTE ?! Il était tombé sur la tête avant de venir pour raconter des conneries pareilles, ce n’était pas possible autrement. Elle lui lança un regard noir et lâcha toute la colère qui bouillonnait en elle dès que le serveur fut partie.

« Déjà mon cher, tu dois savoir que tu n’es même pas un bon coup. Ensuite, tu vas arrêter tout de suite de raconter des conneries aussi énormes. Enceinte ?! Mais n’importe quoi, vraiment n’importe quoi ! Et de qui en plus le serais-je ? De toi, ahahah, laisses-moi rire. Le jour où tu seras père sera celui de l’apocalypse ! »

Elle le regarda se poiler comme un gosse et le repoussa avec ses mains. Quel goujat ? Elle ne prenait pas tellement à cœur sa réputation à Eros mais elle n’aimerait quand même pas entendre ici et là que le plombier l’avait mise enceinte, ce serait une catastrophe terrible et en plus de ça, elle ne se voyait pas du tout expliquer ça à Armani …

« Et arrêtes de te coller à moi comme ça, en plus t’es encore trempé, dégages ! »

Elle posa sa main sur sa cuisse musclée et rentra ses ongles dans sa chair histoire de lui faire bien comprendre qu’il n’avait pas à faire à une simple poulette naïve. En plus de ça, il devait certainement avoir quelques nouveaux « tuyaux » qui l’attendaient quelque part en ville.

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