Happily ever after, really ? [R.]

HAPPILY EVER AFTER, REALLY ?

featuring

KLEIO ETAPHIOS
Happily ever after, really ? [R.] Pc6mo

KENT MOORE

« Mais c’est pas possible ça ! Qui est-ce qui lui a appris à bosser à celle-là ? »

Kleio, les joues rosies par l’effort, courrait partout depuis l’aube à la recherche de données précieuses. Travaillant pour Entreprise, elle était en charge de l’organisation de mariages. Elle adorait son métier, elle adorait tout prévoir dans les moindres détails, de la couleur des nappes à la sauce accompagnant l’entrée. Mais là elle avait envie d’exploser. La raison ? Une autre des organisatrice était en charge d’un mariage depuis près de deux mois, elle avait donc monté tout un dossier préparatoire, puis on ne sait ni comment ni pourquoi elle avait mis les voiles vers une destination inconnue sans prévenir personne. Et bien sûr elle n’avait laissé aucune note quant à l’endroit om trouver ce fichu dossier. Kleio qui avait dû prendre la relève n’avait déniché que le nom de la mariée et avait donc été capable de la joindre pour la tenir au courant des changements de plans. Elle devait donc rencontrer cet après midi la future Madame X, oui X parce qu’elle n’avait toujours pas trouvé le nom du fichu marié, et comme elle ne voulait pas passer pour une incapable aux yeux de la cliente elle n’en avait pas fait mention au téléphone. Son téléphone se mis à sonner alors qu’elle farfouillait toujours dans les affaires de sa collègue.

« Kleio Etaphios bonjour. »

« Bien. Très bien. »

« Comme ça vous pourrez discuter de ce qu’il veut. Il n’est pas très bavard au sujet de ce mariage, peut-être qu’à vous il en dira plus. »

« Nous verrons cela. Je vous recontacte. »

« Au revoir et bon courage. »

« Merci. A bientôt. »

Posant son portable sur le bureau la jeune femme soupira. Il ne manquait plus que ça. Elle allait rencontrer le fameux mari dont elle ne connaissait même pas le nom. La belle blonde pria intérieurement pour qu’il se présente de lui-même en arrivant, qu’elle n’ait pas à avouer son ignorance quant à son identité. Donnant un bon coup de pied dans le bureau de métallique de sa collègue disparue et rejoignit son propre bureau pour avaler un sandwich en vitesse. Deux heures plus tard, la tête dans son immense placard elle tentait de mettre la main sur un livre qu’elle avait élaboré elle-même, une sorte de plan de secours pour mariage en détresse, lorsque son interphone grésilla.

« Klé’, le mari de Miss Henning est arrivé. »

Cracha la voix de la secrétaire.

« Faites le entrer ! »

Cria la blonde depuis son placard.

Entendant quelqu’un pénétrer dans le bureau, la jeune femme farfouilla plus rapidement à la recherche de son trésor.

« Installez-vous Monsieur, je suis à vous dès que j’aurais mis la main sur… »

Ses doigts rencontrèrent la surface molletonné de son scarpbook préféré et elle se retourna vivement vers le visiteur en brandissant sa trouvaille.

« Je l’ai ! »

Lâcha-t-elle d’une voix triomphante, un immense sourire sur les lèvres. Ses yeux rencontrèrent alors ceux de son client et son visage s’assombrit d’un seul coup alors qu’elle lâchait le livre qui tomba au sol dans un bruit mat.

And I'll be fine, you'll be fine
Is this fine? I'm not fine.
Happily ever after, really ? [R.] 34ov582

« Chéri ? Debout ! Tu dois aller voir l'organisatrice.. mais dépêches toi, Kent ! »

Quelle plaie, celle là. Kent bougea lentement se décalant pour rouler sur le dos. Le drap s'emmêla autour de sa taille et il ouvrit les yeux sur sa femme qui s'activait à mettre ses boucles d'oreilles, gesticulant nerveusement. Frottant ses yeux, il tourna ensuite la tête vers les baises vitrées de leur appartement de location. Ils allaient se marier, ici, dans la chaleur. Et sa future femme voulait que tout soit parfait. Kent n'en avait rien à foutre. Il suivait le mouvement. Il allait se marier à une femme qu'il n'aimait pas, voilà tout. C'était tellement ironique. Coleen se remit à le bousculer, assise sur le lit, enfilant ses talons beaucoup trop grands pour elle. Il la trouvait ridicule avec de telles chaussures. Comme si elle allait s'écraser à terre à chaque pas. Grommelant, déjà pas réveillé, il s'assit dans le lit. Coleen se hissa jusqu'à lui pour embrasser ses lèvres. S'il avait pu éviter tous baisers pendant 20 ans, il l'aurait fait. Mais il fallait qu'il fasse comme si tout allait bien. Comme s'il l'aimait.

« Je me lève, oui, c'est bon. Pas besoin de me bousculer. »

Il était neuf heures et demi, et il allait être en retard, s'il ne se dépêchait pas. Il aurait tellement voulu se casser, laisser tout tomber, vivre au jour le jour quitte à ne pas avoir d'argent. Il avait déjà quitté l'amour de sa vie, lâchement. Il pensait chaque jour à elle. Cochant ce calendrier où les jours défilaient sans son cœur. Se demandant constamment si un jour, il pourrait la revoir, la prendre dans ses bras, lui dire qu'il l'aime et qu'il est désolé. Qu'il a été égoïste, purement égoïste. Il soupira, et mit une pointe d'après rasage. Il prit rapidement ses clés de voitures et sortit de l'immeuble pour rejoindre la Cadillac de location. Dix minutes de trajet et il se garait dans le parking souterrain. La chaleur de la Grèce lui donnait envie de dormir.

Montant les marches qui le séparait de l'agence, il finit par arriver à un bureau, où une secrétaire leva les yeux sur lui. Il lui offrit un sourire, et elle indiqua à la femme qui allait le recevoir qu'il était là. Qu'est ce qu'il allait bien pouvoir raconter ? Qu'il en avait rien à foutre de ce mariage à la con ? Il enleva ses lunettes de soleil, une fois arrivé dans le bureau. La jeune femme qui cherchait apparemment un bouquin se releva et il ...

Bouffée de panique. Gorge serré, yeux presque exorbités. Bouche ouverte, yeux se remplissant de larmes. Poing serré sur des lunettes valant mille dollars. Bouquin qui tomba à terre. Non. Ce n'était pas possible, pas elle, pas là, pas maintenant. Pas pour son mariage. Kent allait mourir sur place. Elle allait le tuer, après qu'il serait mort de honte. L'avoir lâcher comme ça. L'avoir laissée toute seule alors qu'il voulait passer sa vie à ses côtés. Kent allait suffoquer. La voix coupée, le son était off. Fronçant les sourcils, il secoua la tête.

« Kleio, mais qu'est ce que tu fais ? Ici, je veux dire ..... qu'est ce que tu fais, merde. »

Lui. Ici. Dans son bureau. Après tout ce temps. Ce n’était pas possible. Elle devait rêver. Ou plutôt elle devait être en plein cauchemar. La jeune femme restait là, sans réussir à prononcer le moindre mot. Assailli par des flash du passé. Des souvenirs qu’elle aurait préféré oublier. Qu’elle pensait avoir oubliés…

 FLASH BACK –

« Je me fous de tes sentiments. Je vais diriger la société avec mon père. Tu n'es pas de notre monde. Mais ça a été marrant quelques temps, tu m'as diverti. »

Les paroles de Kent la frappèrent comme une claque en pleine figure. Sans qu’elle puisse se contrôler, des larmes commencèrent à dévaler le long de ses joues alors qu’elle était figée, incapable du moindre mouvement. Elle aurait voulu hurler, le frapper, le retenir, mais elle ne pouvait pas. C’était comme si toutes ses forces avaient quitté son corps, comme si elle n’était elle-même plus qu’une coquille vide. Elle l’avait regardé s’en aller, sans réussir à prononcer la moindre parole. Elle avait gardé ce qu’elle ressentait, en elle, pendant des mois. Elle n’avait plus pleuré après ce jour là. Elle n’avait pas crié. Elle s’était simplement renfermé sur elle-même. Jusqu’à cette nuit où elle avait aterrit à Eros et avait filé chez sa meilleure amie, fondant en larmes dans ses bras.

 FIN DU FLASH BACK –

Essayant de reprendre contenance la jeune femme se baissa pour récupérer le livre qu’elle avait fait tomber sous le coup de la surprise. Le posant sur son bureau elle respira un instant. Elle n’avait toujours pas prononcé un mot. Elle s’appuya au bureau, sentant ses jambes chanceler. Portant son regard sur son nouveau « client » elle le détailla un instant. Il n’avait pas vraiment changé. Toujours tiré à quatre épingles, parfaitement rasé, son costume repassé à la perfection. Dans sa petite robe d’été et ses sandales en cuir elle faisait tâche. Elle comprenait un peu mieux maintenant les paroles qu’il avait prononcées quelques années auparavant.

« Kleio, mais qu'est ce que tu fais ? Ici, je veux dire ..... qu'est ce que tu fais, merde. »

Cette voix. Dieu ce qu’il lui avait manqué. Elle n’avait jamais cessé de l’aimer, elle s’en rendait compte maintenant. Elle l’avait rangé dans un coin de sa tête, dans un coin de son cœur. Mais maintenant qu’il était là tout ressurgissait. Elle laissa échapper un rire nerveux et planta son regard dans celui du jeune homme.

« Ce que je fais là Kent ? Je te rappelle que je vis à Eros depuis ma naissance ! Ce serait plutôt à toi de me dire ce que tu fous sur mon île ! »

Et alors qu’elle prononçait ces mots d’une voix dure, elle réalisa ce qui l’amenait ici. Dans une agnce qui organisait les mariages. Il allait se marier. Avec une autre. Sans doute une gosse de riche avec qui son père avait des affinités toutes particulières. Cette idée lui donna la nausée et elle se passa une main sur le visage pour ne pas perdre le contrôle d’elle-même.

« Non mais sérieusement Kent, c’est une mauvaise blague ? Ou alors tu prends un plaisir sadique à me confier l’organisation de TON mariage ? »